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Issue
Radioprotection
Volume 54, Number 2, April–June 2019
Page(s) 85 - 85
DOI https://doi.org/10.1051/radiopro/2019018
Published online 27 May 2019

Nous avons appris avec tristesse la disparition de notre ami et collègue Serge Prêtre le 12 mars 2019. Il a été un pilier de la radioprotection en Suisse, mais aussi au niveau international.

Serge prêtre est né le 11 décembre 1934 près de Neuchâtel, Suisse. Après avoir réussi son diplôme en physique nucléaire expérimentale à l’École polytechnique fédérale de Zurich dans le domaine de la diffusion inélastique des neutrons et enseigné les mathématiques et la physique au lycée de Neuchâtel, son travail a concerné l’analyse des alliages de métaux précieux par fluorescence X. Puis, il s’est orienté vers la protection contre les effets des explosions nucléaires et la réalisation de travaux pour l’armée suisse et la protection civile (optimisation des abris, dosimétrie, formation, effets sur la santé). En tant que membre de l’équipe de protection AC du département militaire, Serge Prêtre a passé un an à San Francisco à l’US Naval Radiological Defense Laboratory pour travailler avec E. Tochilin sur la dosimétrie neutronique en comptant les traces de fission dans le plastique.

À son retour, il est devenu l’un des premiers employés au sein de la nouvelle autorité de réglementation nucléaire « Department for the Safety of Nuclear Facilities », située à Würenlingen et ancêtre de l’actuelle Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN), établie aujourd’hui à Brugg. Il a poursuivi avec succès le développement de son dosimètre neutronique dans le département de radioprotection de l’Institut Paul Scherrer (PSI). C’est sur cette base qu’il a rédigé sa thèse de doctorat publiée en 1992 sur la dosimétrie individuelle neutronique par détecteurs à traces de fission et albedo dans les centrales nucléaires à l’école polytechnique fédérale de Lausanne. Ses compétences lui ont également valu d’être le premier président du groupe d’experts pour la dosimétrie individuelle de la commission fédérale de radioprotection.

Elu président de l’Association germano-suisse de radioprotection (www.fs-ev.de) en 1968, il a été un personnage clé de la création et de la direction du département de radioprotection de la division principale de la sécurité des installations nucléaires (DSN), qu’il a dirigé avec succès de 1995 à 1999. Sous sa direction et en étroite collaboration avec l’Office fédéral de la santé publique, la protection des personnes et de l’environnement, la préparation des mesures d’urgence et la gestion des déchets radioactifs ont pris leur essor en Suisse. Très ouvert et acceptant la critique constructive, il a su fédérer les autorités suisses responsables de la radioprotection pour atteindre des objectifs ambitieux qui ont porté leurs fruits pour une gestion partagée et appropriée des conséquences de l’accident de Tchernobyl en Suisse. À ce titre, son article dans la revue Radioprotection intitulé « L’accident de Tchernobyl : un aperçu de ses causes et l’évaluation de ses effets en Suisse » mérite le détour d’une lecture ou relecture (Radioprotection 1988 Vol 23, no 2, pp. 175–191. DOI: https://doi.org/10.1051/radiopro/19882302169).

Serge Prêtre a également été très actif en dehors de la Suisse et a participé avec succès à de nombreux comités internationaux. Ainsi, il œuvra, entre autres, comme membre et président du Comité de radioprotection et de santé publique CRPPH de l’OCDE-AEN (www.nea.fr), comme membre de la Commission 4 de la Commission internationale de protection radiologique (www.icrp.org) et membre du comité scientifique de l’Institut de protection et de sûreté nucléaire, actuel IRSN (www.irsn.fr).

Après sa retraite, à l’orée de l’an 2000, il a continué à travailler en tant qu’expert pour l’IFSN et l’AEN et a notamment organisé les séminaires de Villigen comme précurseur des thèmes de la confiance, de la culture de sécurité et de l’implication des parties prenantes. Dans ce contexte, Serge a publié plusieurs livres destinés à l’information de la population sur l’énergie nucléaire, qui témoignent à la fois de sa compétence scientifique et de son sens didactique ainsi que de son penchant pour la bande dessinée française qu’il aimait. Par ailleurs, il assuma les présidences de la Commission internationale sur la technologie nucléaire des États du Bade-Wurtemberg, de Hesse et de Bavière (www.ilk-online.org) et du Comité scientifique du Centre d’étude sur l’évaluation de la protection dans le domaine nucléaire (www.cepn.asso.fr).

Serge était également un invité et un hôte populaire. On ne peut que regretter que sa maladie ait rendu de plus en plus difficile pour lui d’entrer en contact avec ses amis radioprotectionnistes.

Citation de l’article : Murith C. 2019. Hommage : Serge Prêtre (1934–2019). Radioprotection 54(2): 85–85


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