Réflexion sur l’évolution des concentrations en radionucléides artificiels dans l’environnement français, les doses associées et l’adaptation des techniques d’analyse aux besoins de la surveillance

Reflection on anthropogenic radionuclide concentrations in the French environment, corresponding doses and adaptation of analysing tools to monitoring needs

¹ IRSN, Direction de l’Environnement et de l’Intervention, Service d’Étude et de Surveillance de la Radioactivité dans l’Environnement, Laboratoire d’Étude et Recherches en Milieux Continental et Marin, CE Cadarache, Bâtiment 153, BP 3, 13115 Saint-Paul-Lez-Durance.
² Service de Traitement des Échantillons et de Métrologie pour l’Environnement, Laboratoire de Mesure de la Radioactivité dans l’Environnement, CE Cadarache, Bâtiment 153, BP 3, 13115 Saint-Paul-Lez-Durance.

Reçu : 28 Janvier 2009
Accepté : 11 Mars 2009

Résumé

La concentration de l’environnement français en radionucléides artificiels et les techniques d’analyses ont considérablement évolué au cours des 50 dernières années. Au cours des années 60 et 70, la surveillance effectuée par l’Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN) et par le service central de protection contre les rayonnements ionisants (SCPRI) permettait de connaître les niveaux des radionucléides artificiels les plus abondants et qui contribuaient de façon prépondérante aux doses reçues par la population française. Depuis les années 80, avec la fin des essais atmosphériques d’armes nucléaires et la baisse des activités de la plupart des radionucléides concernés, les radionucléides devenus prépondérants en activité et en doses sont : ³H, ¹⁴C, ⁸⁵Kr et ¹³³Xe. Or ces quatre radionucléides ne font aujourd’hui l’objet que d’un nombre très restreint d’analyses dans le cadre de la surveillance effectuée par l’IRSN. La mise en relation des niveaux d’activité des radionucléides constituants le « bruit de fond » de la radioactivité artificielle environnementale, des activités potentiellement ajoutées du fait des rejets des installations nucléaires, des doses correspondantes, ainsi que des limites de détection obtenues au moyens des meilleures techniques disponibles, fournit des éléments de réflexion sur les enjeux de la surveillance radiologique de l’environnement et sur les possibilités d’atteindre les objectifs correspondants. À l’exception de ¹⁴C et ³H, les activités les plus basses présentes dans l’environnement se trouvent d’ores et déjà au niveau ou en-deçà des limites de détection des techniques de mesure. ³H et ¹⁴C sont donc les seuls radionucléides toujours mesurables dans l’environnement et pour lesquels une influence des rejets atmosphériques des installations nucléaires est potentiellement décelable dans tous les milieux.

Abstract

Anthropogenic radioactivity of the French environment and analytical tools, have both significantly evolved during the last 50 years. During the 60s and the 70s, the IRSN monitoring allowed knowing activity levels of the most plentiful radionuclides and which provided the main contribution to doses. Since the 80s, the main radionuclides in term of activity and dose are ³H, ¹⁴C, ⁸⁵Kr and ¹³³Xe. However, these nuclides are poorly analysed. The relationship between radioactive backgrounds, potentially added activities linked to nuclear releases, corresponding doses, and detection limits using best analytical tools available, provides factors to the radiological monitoring stakes thought. Except for ³H and¹⁴C, lowest activities of radionuclides in the environment are still at the level or below detection limits. ³H and ¹⁴C are the only ones that can be currently measured and which can label the various environmental compartments around nuclear facilities.