Numéro |
Radioprotection
Volume 46, Numéro 4, Octobre-Décembre 2011
|
|
---|---|---|
Page(s) | 457 - 491 | |
Section | Articles | |
DOI | https://doi.org/10.1051/radiopro/2011139 | |
Publié en ligne | 16 décembre 2011 |
Le tritium organique dans les écosystèmes d’eau douce : évolution à long terme dans l’environnement des centres nucléaires de production d’électricité français
Organic tritium in freshwater ecosystems: long-term trends in the environment of French nuclear power plants
1 IRSN, DEI,
BP 3, 13115
Saint-Paul-Lez-Durance, France
2
EDF R&D, LNHE, 6 quai Watier, 78400
Chatou,
France
Reçu :
4
Janvier
2011
Accepté :
18
Juin
2011
De 1977 à 2009, plus de 600 analyses d’activités en tritium organique ont été réalisées sur les poissons, les végétaux aquatiques et les sédiments, en amont et en aval des 15 CNPE français situés en bord de rivière. L’exploitation de ces résultats montre que les activités en tritium organique ont diminué de façon exponentielle au cours des trente dernières années, dans tous les compartiments des écosystèmes aquatiques. Dans les zones en amont de tout CNPE, les activités en tritium organique dans les sédiments sont supérieures aux activités mesurées dans les poissons et les végétaux, elles-mêmes supérieures aux activités en HTO des eaux de surface. L’ampleur de ces écarts dépend du bassin concerné et s’explique par la nature différente des sources de tritium. Dans les bassins versants où les retombées des essais nucléaires atmosphériques constitue la source principale de tritium, les niveaux observés résultent de l’exposition des organismes aquatiques à deux formes distinctes de tritium d’âges différents : l’eau tritiée de l’atmosphère, image des retombées au moment du prélèvement, et le tritium organique des sols, formé sur plusieurs dizaines d’années, qui alimente le compartiment sédimentaire des cours d’eau. Dans les bassins du Rhône et du Rhin, une source supplémentaire de tritium de très faible biodisponibilité, provenant vraisemblablement de l’industrie des peintures luminescentes, marque la matière organique des sédiments à hauteur de 100 à 100 000 Bq.L-1 d’eau de combustion. La comparaison des niveaux observés en amont et en aval des CNPE montre que l’influence des rejets est détectable seulement dans les cours d’eau où le bruit de fond est faible, c’est-à-dire dans les bassins autres que ceux du Rhône et du Rhin. L’augmentation des activités en tritium organique dans les végétaux et les poissons est inférieure à l’augmentation de l’activité en HTO due aux rejets, ce qui témoigne, d’une part, de l’absence de phénomène de bioaccumulation à partir de l’eau tritiée et, d’autre part, de l’absence de composés organiques bioaccumulables dans les rejets.
Abstract
From 1977 to 2009, more than 600 measurements of organic tritium were performed on fish, aquatic plants and sediments upstream and downstream of the 15 French NPP located along rivers. Examination of the results shows that organic tritium activities have exponentially decreased over the last thirty years, in all components of aquatic ecosystems. Upstream of all NPP, OBT levels in sediments are higher than in plants and fish, themselves larger than HTO in surface water. The magnitude of these differences and the long-term trends depend on the river basin and can be explained by the varying nature of tritium sources. In river catchments, where atmospheric test fallout is the main source of tritium, the observed levels result from the exposure of aquatic organisms to two distinct tritium pools of different ages : atmospheric tritiated water (representing present fallout), and organic tritium from soils (formed over several decades) which supplies particulate matter to surface waters. In the Rhône and Rhine river basins, an additional source of organic tritium of very low bio-availability, probably originating from the luminescent paint industry, is responsible for the spiking of sediment organic matter up to 100 to 100 000 Bq.L-1 combustion water. The comparison of upstream and downstream NPP tritium levels shows that the influence of tritium discharges is detectable only in rivers, with low background OBT activities, i.e in basins other than the Rhône and Rhine. The observed increase in plant and fish OBT is lower than the added HTO activity in water due to discharge, which supports the absence of bioaccumulation for tritium originating from HTO and the absence of highly bio-available tritiated organic molecules in NPP discharges.
Key words: Organically bound tritium / freshwater / aquatic plant / sediment / fish / bioaccumulation
Adresse actuelle : gilles.gontier@edf.fr
© EDP Sciences, 2011
Les statistiques affichées correspondent au cumul d'une part des vues des résumés de l'article et d'autre part des vues et téléchargements de l'article plein-texte (PDF, Full-HTML, ePub... selon les formats disponibles) sur la platefome Vision4Press.
Les statistiques sont disponibles avec un délai de 48 à 96 heures et sont mises à jour quotidiennement en semaine.
Le chargement des statistiques peut être long.