Numéro |
Radioprotection
Volume 44, Numéro 4, Octobre-Décembre 2009
|
|
---|---|---|
Page(s) | 505 - 517 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/radiopro/2009020 | |
Publié en ligne | 9 décembre 2009 |
Cataracte et rayonnements ionisants
Cataract and ionizing radiation
École des applications militaires de l’énergie atomique, CC 19, 50115 Cherbourg Octeville Cedex, France.
Reçu :
25
Juin
2009
Accepté :
18
Septembre
2009
La cataracte radio-induite était considérée jusqu’à nos jours comme une pathologie assez peu fréquente, nécessitant de fortes doses de rayonnement (dépassant un seuil élevé, de l’ordre de 2 Grays au cristallin) et se réduisant principalement aux cataractes radiques des patients de radiothérapie. Plusieurs études récentes portant sur des populations aussi diverses que les astronautes, les survivants d’Hiroshima–Nagasaki, les patients ayant subi un scanner céphalique, les « liquidateurs » de Tchernobyl ainsi que quelques expérimentations animales nous amènent à reconsidérer la question : le seuil d’apparition aussi bien des opacités détectables que des cataractes symptomatiques paraît nettement plus bas qu’actuellement estimé. L’existence même d’un seuil n’est plus tout à fait une certitude dans la mesure où la pathogénie de la cataracte radio-induite serait moins de type déterministe (dommage tissulaire direct tuant ou endommageant gravement une population cellulaire donnée) comme on le pensait, mais d’avantage de type stochastique (altération du génome des cellules cibles, perturbation de la division cellulaire, trouble de la différenciation cellulaire des cellules filles). De manière plus pratique, ces observations sont de nature à nous faire reconsidérer la protection des populations spécifiquement exposées : patients et travailleurs principalement. S’agissant des travailleurs, et si ces nouvelles données étaient confirmées, la limite actuelle de dose équivalente au cristallin du code du travail de 150 mSv sur 12 mois consécutifs pourrait, à terme, être revue à la baisse.
Abstract
The radiation-induced cataract has been up to now considered as a quite rare pathology, needing high-dose radiations (beyond a dose threshold roughly estimated at 2 Grays to the lens) consisting mainly in head tumour radiotherapy complications. Several new studies on different exposed populations such as astronauts, japanese atomic bomb survivors, people undergoing X-ray examinations, Chernobyl accident “liquidators” as well as data from animal experiments, suggest that dose threshold for detectable opacities as well as for clinical posterior subcapsular cataract occurring, might be far lower than those previously assumed. Even the existence of a dose threshold is no longer an absolute certitude insofar as radiation-induced cataract pathogeny might consist not really in a deterministic effect (direct tissue harmful effect, killing or seriously injuring a critical population of cells) as believed until now, but rather in a stochastic effect (genomic damage in target-cells, altered cell division, abnormal lens fiber cell differentiation). More practically, these new data may lead us to reconsider radioprotection of specifically exposed populations: mainly patients and workers. Regarding workers, labour legislation (lens equivalent dose limit of 150 mSv during 12 consecutive months) might be, in the medium term, reassessed downwards.
Key words: Cataract / ionizing radiations / threshold dose / radioprotection
© EDP Sciences, 2009
Les statistiques affichées correspondent au cumul d'une part des vues des résumés de l'article et d'autre part des vues et téléchargements de l'article plein-texte (PDF, Full-HTML, ePub... selon les formats disponibles) sur la platefome Vision4Press.
Les statistiques sont disponibles avec un délai de 48 à 96 heures et sont mises à jour quotidiennement en semaine.
Le chargement des statistiques peut être long.