Estimation et gestion du risque de cancer broncho-pulmonaire engendré par les produits de filiation du radon

¹ Centre universitaire d'étude des problèmes de l'énergie, Université de Genève, CH-1211 Genève 4
² Division de médecine nucléaire, Hôpital cantonal universitaire de Genève, CH-1211 Genève 4

Reçu : 6 Mai 1996
Accepté : 19 Mai 1997

Résumé

Le radon est un gaz radioactif dégagé par les sols et les matériaux contenant du radium. Une fois inhalé, il se dépose dans l'appareil respiratoire, où ses produits de filiation irradient les tissus, provoquant un risque de cancer. L'estimation de ce risque s'effectue à travers une approche épidémiologique ou dosimétrique. La première utilise les données sur la mortalité des mineurs ayant été exposés au radon. On extrapole ensuite les résultats à la population générale. Plus récemment, on a essayé d'estimer le risque directement à partir de la population générale. L'autre approche essaie de calculer le taux de conversion entre la concentration de radon dans l'atmosphère ambiante et la dose absorbée par l'appareil respiratoire. On estime le risque de cancer à travers un coefficient qui a été déduit des études sur les survivants de Hiroshima et Nagasaki. La gestion du risque comporte la définition de principes généraux et d'un ensemble de recommandations. Dans le passé, l'ICRP pensait qu'il ne fallait pas intervenir sur les risques provoqués par les irradiations naturelles. Depuis 1984, il a changé d'avis et a établi des limites d'acceptabilité en ce qui concerne les concentrations de radon dans les habitations. Il faut relever que les estimations du risque de cancer sont entachées de marges d'incertitude relativement élevées. Les “ jugements d'expert ” jouent un rôle important. Les “ jugements de valeur ” en revanche jouent un rôle fondamental en matière de gestion du risque. A l'évidence, il s'agit d'un problème ayant un caractère transdisciplinaire et qui soulève la question du lien entre science et société.


Abstract

Radon is a radioactive gas released from soils and materials containing radium. Once inhaled in the respiratory tract, its decay products irradiate the tissues and provoke a risk of cancer. The estimation of this risk is carried out through an epidemiologic or a dosimetric approach. The former uses data on the mortality of miners who were exposed to radon. Then the results are extrapolated to the general population. More recently, some studies tried to estimate the risk directly on the general population. The latter approach tries to compute the rate of conversion between the radon concentration in the indoor environment and the dose absorbed by the respiratory tract. The risk of cancer is estimated through a coefficient which has been inferred from studies on the Hiroshima and Nagasaki survivors. The risk management requires the definition of general principles and of a set of recommendations. In the past, the ICRP stated that risks provoked by natural sources of irradiation should not be taken into consideration. Since 1984, it has changed its mind and limits of acceptability concerning radon concentration in dwellings have been defined. We should stress that the cancer risk estimations are tainted by uncertainties. “ Experts judgements ” play an important part. On the other hand, “ value judgements ” are essential in the field of risk management. Obviously, it is a problem which has a transdisciplinary character and which rises the question of the relationship between science and society.