Conditions de vie dans les territoires contaminés en Biélorussie 8 ans après l'accident de Tchernobyl

Living conditions in the contaminated territories of Byelorussia after the Chernobyl accident: evaluation of the situation in the district of Chetchersk in Byelorussia

¹ Mutadis Consultants, 14 rue de Belzunce, 75010 Paris
² Université de Caen

Reçu : 19 Février 1996
Accepté : 20 Février 1997 Révisé : 27 Septembre 1996

Résumé

Cet article présente une analyse des enjeux sociaux et économiques de la protection radiologique dans les territoires contaminés du fait de l'accident de Tchernobyl. Il s'appuie sur les résultats de deux enquêtes réalisées en 1994 sur les conditions de vie des habitants d'une collectivité territoriale situé en Biélorussie à 180 km au nord de Tchernobyl. Une première partie présente les données radiologiques de la situation post-accidentelle du district avec une analyse de son impact démographique depuis 1986. Une seconde partie présente les enjeux de la protection radiologique avec une description des modalités d'exposition des habitants des territoires contaminés et une évaluation des différents programmes de contre-mesures engagés par les autorités, dans le cadre législatif de 1991. Dans une dernière partie sont présentés les aspects économiques de la gestion post-accidentelle avec une analyse du budget du district de Tchetchersk et une évaluation des conséquences de la situation radiologique sur les activités économique et surtout agricoles de ce district. La conclusion fait ressortir les difficultés auxquelles sont aujourd'hui confrontées les autorités biélorusses. La présence désormais définitive de populations dans un environnement durablement contaminé pose une nouvelle catégorie de problèmes. Les objectifs de radioprotection doivent être resitués dans un ensemble de contraintes de différentes natures, notamment sociales et économiques. Le développement de la sécurité radiologique est indissociable du retour d'une qualité de vie dans ces territoires. Il passe nécessairement par le redéploiement d'un climat de confiance sociale. Le dispositif législatif initial de gestion post-accidentelle doit être adapté pour donner plus d'autonomie aux acteurs locaux dans la reconstruction de conditions de vie satisfaisantes.

Abstract

Living conditions in the contaminated territories of Byelorussia after the Chernobyl accident: evaluation of the situation in the district of Chetchersk in Byelorussia. This article presents an analysis of the social and economic aspects of radiological protection in the territories contaminated by the Chernobyl accident. It is based on the results of two surveys performed in 1994 on the living conditions of the inhabitants of a territorial community located in Byelorussia, 180 km north of Chernobyl. The first part presents the radiological post-accident situation of the district, together with an analysis of this situation's demographic impact since 1986. The second part presents a description of the modes of exposure of the inhabitants of the contaminated territories and an assessment of the various countermeasures programmes initiated by the authorities in the legislative framework of 1991. The last part addresses the economic aspects of the post-accident management, together with an analysis of the budget of the Chetchersk district and an evaluation of the consequences of the radiological situation on the economic, and above all agricultural, activities of the district. The conclusion highlights the difficulties that face the Byelorussian authorities today. The now definitive presence of inhabitants in a durably contaminated environment poses a new category of problems. The objectives of radiological protection have to be reshaped within a set of constraints of different types, notably social and economic. The development of radiological safety cannot be dissociated from a return to quality living in these territories. This necessarily entails re-establishing a climate of social confidence. The initial legislative plan for post-accident management must be adapted to give greater autonomy to local participants in the reconstruction of satisfactory living conditions.